• [Culte et désespéré] Philip K. Dick, Substance Mort.

    Au départ je voulais lire Trainspotting d'Irvine Welsh et j'ai eu comme l'impression d'être tombée sur un roman mal traduit, avec du mot à mot flagrant et autres horreurs, dans le doute j'ai laissé tombé (je vais aller comparer avec une autre édition d'un autre traducteur) je me suis donc rabattue sur ce que j'avais sous la main (une grosse pile de livre), histoire de rester dans le trip "drug&rock'n'roll" j'ai lu Substance Mort de Philip K. Dick (PKD en écourté).


    I PKD

    Publié pour la première fois en 1952, PKD (1928-1982) s'oriente rapidement, après des débuts assez classiques, vers une science-fiction plus personnelle, où se déploient un questionnement permanent de la réalité et une réflexion radicale sur la folie. Explorateur inlassable de mondes schizophrènes, désorganisés et équivoques, PKD clame tout au long de ses œuvres que la réalité n'est qu'une illusion, figée par une perception humaine imparfaite.
    L'important investissement personnel qu'il plaça dans ses textes fut à la mesure d'une existance pour le moins instable, faite de divorces multiples, de drogues, de tentatives de suicide ou de recherches mystiques.

    Je préfère la bio de la quatrième de couverture:

    PKD (1929-1982) a laissé une œuvre considérable, qui a profondément marqué toute une génération d'auteurs et de lecteurs. Après Le Maître du Haut-château, Ubik ou Blade Runner, il livra avec Substance Mort son œuvre la plus personnelle, la plus désespérément aboutie.


    II Résumé

    Dans une Amérique imaginaire livrée à l'effacement des singularités et à la paranoïa technologique, les derniers survivants de la contre-culture des années 60 achèvent de brûler leur cerveau au moyen de la plus redoutable des drogues, la Substance Mort.
    Dans cette Amérique plus vraie que nature, Fred, qui travaille incognito pour la brigade des stups, le corps dissimulé sous un "complet brouillé", est chargé par ces supérieurs d'espionner Bob Arctor, un toxicomane qui n'est autre que lui-même.
    Un voyage sans retour au bout de la schizophrénie, une plongée glaçante dans l'enfer des paradis artificiels.

    Ah je crois que j'ai trouvé la référence... C'était pas très subtile, peut mieux faire.


    III Dissection

    a) Le style

    Je dois dire que c'est assez décapant, direct, un peu cynique, très névrosé, irrémédiablement schizophrène. PDK maitrise son écriture, les émotions qu'il veut faire passer, il connait aussi son sujet et en manie les codes avec précision. C'est une écriture avec de la personnalité qui vous embarque dans un tourbillon d'encre par 100m de fond, vers les abîmes d'un monde imaginaire, pas si éloigné que ça de la réalité. Qui plus est, l'auteur a le sens du suspens et de la mise en scène tragique, j'aurais donné tout ce que j'avais pour lire plus vite, foncer bride abattue vers une fin qui sentait vraiment le bad trip.
    La seule chose qui m'a agacé étant ce poème en allemand qui apparait régulièrement, mais dont les vers n'étaient pas traduits... J'ai abandonné cette langue depuis bien trop longtemps pour y comprendre quoique ce soit. Chercher une traduction au milieu de ma lecture me fut impossible, j'étais bien trop emportée : je l'ai dévoré en deux jours (et c'est bien parce que ma chère mère m'a coupé à plusieurs reprises, sinon en une après-midi la messe était dite). Je vais quand même chercher une traduction, mais maintenant que le livre est lu, je sens que cela n'aura plus la même portée.

    b) L'histoire

    Ah cette histoire, une banale histoire de toxico, voilà ce que je me suis dis avant de commencer et puis mes petites idées préconçues se sont effondrées en quelques pages. Oui c'est une histoire de toxico, mais c'est aussi un voyage à paranoïaque-land, avenue de la schizophrénie, appartement du désespoir. Ce livre m'a étouffé, j'avais envie de hurler face à la fin immonde vers laquelle Arctor courre à toute jambe, je voulais plonger au cœur de cette ville de paumés et secouer Donna de toute mes forces pour qu'elle fasse quelque chose... Comme la plupart des protagonistes, j'ai simplement été impuissante (frustrée, énervée, émue et désespérée aussi sois-dit en passant).
    Ca commence comme un cauchemars et ça se finit sur un réveil pire encore, de plus l'imagination fertile de PKD a insufflé assez de rouages dans l'histoire pour noyer le poisson jusqu'à la toute fin. Ce monde futuriste n'est que plus impitoyable et tordu, la drogue est plus violente, la police plus vicieuse, l'ambiance de bête prise au piège tend les nerfs du début à la fin, dans un traquenard sans issue. On devine ce qui va arriver, mais sans y croire ; personnellement je m'étais énormément attachée à Arctor, parce que c'est un mec bien, que contrairement aux autres il essaie de relever la tête et d'aider les autres et puis Arctor a chu... Moi avec.
    Pour continuer dans les comparaisons bancales (cf l'article précédent), c'est un peu comme le film Requiem for a Dream, mais en version 2100 et surtout en plus obscène et vicelard. C'est le genre de récit qui narre une injustice et ça me révolte.


    IV A lire ?

    Ouiii !! Lisez-le, donnez-vous envie de vomir, faites main-basse sur l'aigreur d'estomac, le sentiment de révolte et de haine contre le système, parce que c'est ce qui me reste de ce livre. J'aimerais d'ailleurs rappeler (même si PKD le redit à la fin) que Phil' a mis énormément de lui dans ce bouquin et malgré le côté futuriste, ça se sent, c'est présent en arrière-plan comme une tâche d'huile qui se répands et fini par tout englober.
    Je me suis tellement accrochée à ce bout de papier, les nerfs à fleur de peau, que j'y ai laissé un bout de moi aussi. C'est pourquoi, je le classe parmi la catégorie culte, cette histoire m'a vraiment marqué et je ne suis pas prête d'arrêter de trembler en y repensant.


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  • Commentaires

    1
    M
    Vendredi 10 Juin 2011 à 19:58
    Burp
    Excellente critique, qui m'a donné envie de me replonger dans ce bouquin que j'ai lâchement abandonné au bout d'une centaine de page il y a quelques années de cela.
    2
    CrystalMenthe
    Vendredi 10 Juin 2011 à 20:48
    blurp
    Hum avec le titre, je croyais que ma critique serait jugée comme un torchon, heureuse de m'être trompée. Ravie d'avoir re-donner envie de lire à quelqu'un. Qu'est qui vous/tu a gêné au point d'arrêter ?
    3
    M
    Dimanche 12 Juin 2011 à 00:18
    Euh...?
    (On va se tutoyer, hein, on est sur internet) Alors, tu vas me trouver con, mais y a un truc qui m'a bloqué, c'est le "complet brouillé". Je n'arrivais pas à imaginer le concept. Et comme il en parle souvent au début, ça me faisait sortir de l'histoire. Puis j'ai commencé un autre bouquin pour revenir à celui-là plus tard, puis les années ont passé. (D'ailleurs quand le film est sorti j'ai tout de suite voulu voir en image ce fameux "complet brouillé" et j’adhère pas au délire, vraiment) Mais en tout cas, je vais me remettre dessus, c'est con de passer à coté pour une connerie :)
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    4
    Dimanche 12 Juin 2011 à 19:19
    Ah oui
    Quand j'ai écrit ce commentaire, je n'avais pas vu les autres où tu me tutoyais. Je crois régulièrement des gens qui aiment vouvoyer sur internet, alors je prends la précaution de demander avant, quand je ne sais pas. Con c'est un peu fort... J'avoue que moi aussi ça m'a quelque peu perturbée, je comprenais pas trop non plus. J'ai finalement cessé de me poser la question et continué, au fil des pages j'ai fini par me faire une meilleure idée de la chose. Là c'est moi qui vais avoir l'air bête: Ah bon ils en ont fait un film ??
    5
    Dimanche 12 Juin 2011 à 19:20
    Correction
    * je croise
    6
    M
    Mardi 14 Juin 2011 à 16:41
    Dick
    Je n'aime pas trop me faire vouvoyer dans la vie, à la base. J'ai l'impression de prendre 20 ans. Sinon, oui, il y a effectivement un film. Il est sorti en France sous le titre original du roman (A Scanner Darkly, donc.) avec Keanu Reeves dans le rôle titre. Alors je ne peux pas encore te dire s'il est bien ou fidèle car je ne l'ai pas encore vu. (Je préfère voir les adaptations après avoir lu les livres, ça me permet de ne pas être parasité par la vision du réalisateur pendant ma lecture.
    7
    Mardi 14 Juin 2011 à 21:09
    Film
    Keanu Reeves?? Je n'imaginais pas du tout Arctor comme ça... Je préfère voir les interprétations après aussi, sinon je deviens paresseuse imaginairement parlant. Qui plus est ça parasite beaucoup la lecture effectivement.
    8
    M
    Mercredi 15 Juin 2011 à 11:12
    PKD
    Pourquoi pas une critique du film pour un prochain billet ?
    9
    CrystalMenthe
    Mercredi 15 Juin 2011 à 22:11
    Filmm
    Pourquoi pas. Il faut juste que je trouve 2h quelque par, c'est un peu compliqué en ce moment... Enfin ça va bien finir par se calmer un jour.
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