• [Divin à tendance dépressive] Frédéric Beigbeder, Windows on the world

    Aujourd'hui (enfin non, c'était il y a trois jours, mais j'ai eu quelques contre-temps) deux événements viennent de remuer quelque chose d’indicible en moi, premièrement la découverte de l'alliance sublime du vernis corail, surmonté d'une french noire (oui je suis superficielle) et la lecture de ce bouquin de Beigbeder. J'avais déjà lu 99F, et j'avais adoré son cynisme blasé d'ex publiciste, c'est donc avec joie que j'ai entamé ce livre-ci, gracieusement offert par une amie.

    I Monsieur Beigbeder

    Né à Neuilly-sur-Seine en 1965, Frédéric Beigbeder est aussi l'auteur de L'amour dure trois ans, Nouvelles sous ecstasy et 99 francs (14,99€).

    Okay, merci le résumé Folio, c'est fou à quel point j'arrive à me figurer à quel genre de personnage j'ai à faire... Mince c'est un auteur contemporain, c'est pas comme si on parlait de Pline ou d'un obscure auteur moyen-âgeux sur lequel on a aucun document.
    La propension à la feignasserie dans la présentation des auteurs ça a tendance à me gonfler, un auteur laisse toujours un bout de lui dans ses bouquins et sans avoir une biographie de 15 pages, j'aime savoir à qui j'ai à faire. Enfin bref...

    II Résumé

    Vous connaissez la fin: tout le monde meurt. Certes la mort arrive à pas mal de gens, un jour ou l'autre. L'originalité de cette histoire, c'est que tous ses personnages vont mourir en même temps et au même endroit. Est-ce que la mort crée des liens entre les êtres ?

    Le seul moyen de savoir ce qui s'est passé dans le restaurant situé au 107éme étage de la tour nord du World Trade Center, le 11 septembre 2001, entre 8h30 et 10h29, c'est de l'inventer.


    III Alors alors alors...

    a) Le style

    J'avais déjà pu voir Beigbeder à l'ouvrage dans 99 francs, comme je le disais en introduction j'avais été conquise par sa plume incisive d'homme blasé. J'ai retrouvé cette même griffe dans Windows on the World, à cela près qu'on était dans du cynisme plus diffus, sourd, sous-jacent. On est pas dans l'éclat de rire obscène et subversif, mais dans le rire jaune qui devient sanglot puis regard fixe, lorsque soudainement on prend conscience que l'on vit dans le même monde que Fred'.
    Étant moi-même d'un genre assez morne et blasée, les réflexions tristes et désabusées de Fred et Carthew ont réveillé un écho douloureux et très réel au fond de moi. Ce n'est pas quand un alien sort de votre ventre que la réalité dépasse la fiction, mais bien quand vous sentez le poids des mots faire raisonner votre âme, jusqu'à y faire ressortir des sentiments au strict opposé de votre état d'esprit du moment.

    Fred' (j'aime bien m'imaginer que les auteurs sont mes amis, même si ce ne sera sans doute jamais le cas) a un sens de la mise en scène générale de l'intrigue que je rapprocherais de celle de M. G. Dantec, même s'il me semble que Dantec n'apprécie pas du tout Fred, pardon pour ce rapprochement scabreux. Dans l'alternance de musiques, la présentation de certains détails avant d'autres, l'arrêt brusque d'une intrigue pour repartir sur l'autre etc

    Somme toute, c'est un style direct et efficace qui se laisse régulièrement emporté dans la description, sans pour autant alourdir le récit.

    b) Fond

    On nous raconte l'histoire du World Trade Center, mais vu de l'intérieur, chose dont on a peu parlé (Fred' nous explique très bien pourquoi). Rien n'est caché dans cette histoire et très régulièrement on rit jaune, provocateur Fred' n'a pas pu s’empêcher de trouver les mots pour en rire, et c'est bien, j'estime que l'on sanctifie un peu trop ces attentats et qu'un peu d'humour (noire certes) ne fait pas de mal.
    Outre le ventre du WTC, il y a aussi cet étrange parallèle avec Paris, la Tour Montparnasse et la vie de Fred'. Là encore je trouve une certaine ressemblance avec Dantec, ses idées sur le dédoublement de la narration, le besoin de se rendre sur place, ce fantôme du passé qui ne partira jamais vraiment et autre. Enfin peut-être que je me fais des idées encore, mais tout en lisant je me suis dit "Mais c'est du Dantec ça !" Enfin bref.


    IV Finalement

    Finalement c'est un très bon bouquin qui se laisse dévorer en un rien de temps, un de ces bouquins qui vous font vous rouler en boule dans un coin parce que soudain vous êtes terrifié par le monde qui vous entoure, par son injustice et sa cruauté. En fait c'est un livre moche, parce qu'on n'est pas heureux quand on le finit, on est totalement désespéré.

    Mais lisez-le quand même, ça vaut le détour !

    Je le classe donc dans la catégorie "Divin", puisqu'il est très bien, et je rajoute "à tendance dépressive" parce que quand même à lire avec précaution si vous êtes sensible.


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  • Commentaires

    1
    M
    Vendredi 10 Juin 2011 à 20:09
    Beigbeder
    Je te conseil vivement "L'amour dure 3 ans". Quand Beigbeder parle de l'amour c'est désespéré et ça donne envie de vivre loin de toute forme de vie humaine... Mais qu'est-ce que c'est bon !
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    2
    CrystalMenthe
    Vendredi 10 Juin 2011 à 20:50
    Fred'
    Ah oui je l'avais noté dans un coin celui-là, mais toujours pas acquis... Merci du conseil en tout cas. Tout a fait d'accord, ces émotions là sont terribles !
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