• Avant de parler plus précisément du Monsieur (et du bouquin, quand même), il faut quand même que je vous dise: J'adore ce mec.
    C'est un de mes auteurs fétiches, je sais que je peux acheter n'importe lequel de ses livres les yeux fermés, je ne serai jamais déçue. D'ailleurs dans le cas où Serge me décevrait, je crois qu'où que vous vous trouviez, vous entendriez ma longue plainte raisonner dans tout l'univers, telle un hurlement de bête éventrée... En conséquence j'en parlerais régulièrement ici, donc je ne réécrirais pas toujours ce que j'ai déjà dit concernant son style par exemple, mais je vous renverrais sur une page où j'ai résumé mon point de vue (gentille la fille hein?).


    I Serge Brussolo:

    C'est à peine croyable, pourtant le constat est là: Chez Plon il n'y a pas de résumé biographique... (Du moins, pour le bouquin que j'ai là...)
    J'avais déjà expliqué dans l'article sur Beigbeder, ce que signifie pour moi une biographie et son utilité, je ne me répéterais pas, sauf pour dire que je suis déçue, voilà.
    Ici vous trouverez le Wikipédia de Serge: http://fr.wikipedia.org/wiki/Serge_Brussolo (mais bien sûr c'est beaucoup trop long).


    II Résumé

    Louis XIV vient de mourir, laissant la France ruinée. Avec l'arrivée du régent, souffle un vent de liberté que d'aucuns nommeront débauche. Occultisme et messes noires sont le pain quotidien des roués qui invoquent la diable dans les carrières de Vanves.

    Frédéric Lemât, lui, est un peintre apprécié des salons. C'est également un sympathique tueur à gages dont l'art consiste à débarrasser de leur encombrant mari les jeunes marquises vendues par leur famille à des barbons.
    Frédéric utilise ses connaissances en chimie pour transformer ses tableaux en pièges mortels.
    Mais voilà soudain que le chasseur devient gibier ! Qui en veut à la vie de Frédéric ? Et surtout, qui est le mystérieux Ikônos, ce peintre dont personne n'a jamais vu le visage, et dont les toiles sont réputées prophétiques ? Si prophétiques, qu'elles pourraient ébranler les fondements de la monarchie. Aux yeux des Louvetiers du Roi, un groupe de fanatiques, il est capital de détruire ces œuvres impies... et leur auteur !
    Bien malgré lui, Frédéric va se retrouver mêlé à un complot qui le dépasse, et dont il risque d'être la première victime.


    III Qu'est-ce que ça vaut ?

    a) Le style:

    Il me semble que Les Louvetiers du Roi est le dernier paru, et lisant Serge depuis un moment (je dois en être à 20 ou 25 bouquins de cet auteur) j'ai pu voir une certaine progression. Au début son style était très "polar" et "thriller", ça restait bien écrit, mais sans le petit truc en plus qui donne du relief à l'action. Ici on sent nettement qu'il y a du (encore) mieux, le vocabulaire dense et d'époque est toujours là, placé de manière à ce que l'on ait pas besoin de lexique, la culture de Serge est toujours utilisée à bon escient, mais les finitions sont plus abouties. On prend soin du lecteur, les descriptions sont plus joliment dites, les actions s'émaillent de plus de détails, les personnalités sont encore plus fouillées et cette intrigue... Ah non l'intrigue c'est pas dans cette partie.

    b) Le fond:

    Ce qui me fait admirer cet auteur au plus au point, c'est sa capacité à synthétiser deux choses : L'imagination et l'Histoire. Il a déjà fait des romans dans un monde futur, et il s'est lâché en matière d'imagination, parce que Serge, il ne se contente pas de vous fabriqué un monde, mais aussi toutes les inventions qui vont avec, et là dessus je suis toujours éblouie par tant d'intelligence et de maitrise des procédés techniques (oui je suis intimement convaincue que Serge voyage dans le temps). Mais il a aussi écrit des romans comme celui-ci, où l'action se déroule dans le passé (là on en est à la fin de Louis XIV, mais j'aimerais rappelé qu'il a aussi écrit sur le Moyen-âge, des légendes nordiques, des mythes des USA et sur l’Équateur entre autres), et là où tout le génie du maitre apparait, c'est lorsque celui-ci parvient à nous immerger totalement dans cette époque révolue, tout en y incluant des procédés nouveaux (les assassinats de Frédéric), des inventions (les toiles prophétiques), des situations improbables (le vice de Timoléon) et des légendes (la maison et le maillet), le tout sans qu'à aucun moment on doute de la véracité de son propos. C'est parfaitement intégré à l'époque, c'est absolument magique, Serge vend du rêve !
    L'autre point qui me scotch totalement aussi, est l'intrigue prenante, un roman de Serge ce n'est pas qu'un roman: C'est un Polathrillier (polar-thriller-policier). On frémit lorsque la situation devient oppressante, dans une forêt noire ou une maison sombre, on se surprend à trépigner d'impatience et à lire de plus en plus vite parce que le suspens est insoutenable, frénétiquement on passe en revue tous les personnages en se disant : "Mais si c'est pas lui, ni lui, ni lui. Qui est-ce qui l'a tué?????" et à chaque fois non seulement on se trompe, mais en plus on oublie toujours un petit personnage qui trainait: le vrai méchant de l'histoire. Y'a pas à dire, côté mystère et énigme on n'est pas déçu.
    Il y a des rebondissements constamment et lorsque l'on s'imagine que c'est fini, une nouvelle révélation vous tombe dessus, vous laissant pantois, arrêtant la lecture un instant pour reprendre tous les événements du début et comprendre comment vous avez pu passer à côté de ça...
    Les Louvetiers du Roi n'échappe pas à la règle, l'intrigue est fantastique (comme d'habitude), les personnages toujours aussi atypiques et le suspens est total, jusqu'à la fin !

    Je crois que pour Serge, je vais consacrer toute une page sur lui, écrire sa bio et courir de village en village pour le promouvoir, puis me vendre et devenir sa groupie...


    IV Finalement

    Finalement c'est pas très glorieux, je me suis emportée dans mon délire Sergesque sans vraiment parler du livre, mais sachez que vous pouvez vous procurer toute sa bibliographie les yeux fermés (et particulièrement les Louvetiers du Roi), ce sont des fragments de paradis tombés sur Terre. C'est tout simplement divin !

    Oh bien sûr, si vous avez des questions, n'hésitez pas !


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  • Au départ je voulais lire Trainspotting d'Irvine Welsh et j'ai eu comme l'impression d'être tombée sur un roman mal traduit, avec du mot à mot flagrant et autres horreurs, dans le doute j'ai laissé tombé (je vais aller comparer avec une autre édition d'un autre traducteur) je me suis donc rabattue sur ce que j'avais sous la main (une grosse pile de livre), histoire de rester dans le trip "drug&rock'n'roll" j'ai lu Substance Mort de Philip K. Dick (PKD en écourté).


    I PKD

    Publié pour la première fois en 1952, PKD (1928-1982) s'oriente rapidement, après des débuts assez classiques, vers une science-fiction plus personnelle, où se déploient un questionnement permanent de la réalité et une réflexion radicale sur la folie. Explorateur inlassable de mondes schizophrènes, désorganisés et équivoques, PKD clame tout au long de ses œuvres que la réalité n'est qu'une illusion, figée par une perception humaine imparfaite.
    L'important investissement personnel qu'il plaça dans ses textes fut à la mesure d'une existance pour le moins instable, faite de divorces multiples, de drogues, de tentatives de suicide ou de recherches mystiques.

    Je préfère la bio de la quatrième de couverture:

    PKD (1929-1982) a laissé une œuvre considérable, qui a profondément marqué toute une génération d'auteurs et de lecteurs. Après Le Maître du Haut-château, Ubik ou Blade Runner, il livra avec Substance Mort son œuvre la plus personnelle, la plus désespérément aboutie.


    II Résumé

    Dans une Amérique imaginaire livrée à l'effacement des singularités et à la paranoïa technologique, les derniers survivants de la contre-culture des années 60 achèvent de brûler leur cerveau au moyen de la plus redoutable des drogues, la Substance Mort.
    Dans cette Amérique plus vraie que nature, Fred, qui travaille incognito pour la brigade des stups, le corps dissimulé sous un "complet brouillé", est chargé par ces supérieurs d'espionner Bob Arctor, un toxicomane qui n'est autre que lui-même.
    Un voyage sans retour au bout de la schizophrénie, une plongée glaçante dans l'enfer des paradis artificiels.

    Ah je crois que j'ai trouvé la référence... C'était pas très subtile, peut mieux faire.


    III Dissection

    a) Le style

    Je dois dire que c'est assez décapant, direct, un peu cynique, très névrosé, irrémédiablement schizophrène. PDK maitrise son écriture, les émotions qu'il veut faire passer, il connait aussi son sujet et en manie les codes avec précision. C'est une écriture avec de la personnalité qui vous embarque dans un tourbillon d'encre par 100m de fond, vers les abîmes d'un monde imaginaire, pas si éloigné que ça de la réalité. Qui plus est, l'auteur a le sens du suspens et de la mise en scène tragique, j'aurais donné tout ce que j'avais pour lire plus vite, foncer bride abattue vers une fin qui sentait vraiment le bad trip.
    La seule chose qui m'a agacé étant ce poème en allemand qui apparait régulièrement, mais dont les vers n'étaient pas traduits... J'ai abandonné cette langue depuis bien trop longtemps pour y comprendre quoique ce soit. Chercher une traduction au milieu de ma lecture me fut impossible, j'étais bien trop emportée : je l'ai dévoré en deux jours (et c'est bien parce que ma chère mère m'a coupé à plusieurs reprises, sinon en une après-midi la messe était dite). Je vais quand même chercher une traduction, mais maintenant que le livre est lu, je sens que cela n'aura plus la même portée.

    b) L'histoire

    Ah cette histoire, une banale histoire de toxico, voilà ce que je me suis dis avant de commencer et puis mes petites idées préconçues se sont effondrées en quelques pages. Oui c'est une histoire de toxico, mais c'est aussi un voyage à paranoïaque-land, avenue de la schizophrénie, appartement du désespoir. Ce livre m'a étouffé, j'avais envie de hurler face à la fin immonde vers laquelle Arctor courre à toute jambe, je voulais plonger au cœur de cette ville de paumés et secouer Donna de toute mes forces pour qu'elle fasse quelque chose... Comme la plupart des protagonistes, j'ai simplement été impuissante (frustrée, énervée, émue et désespérée aussi sois-dit en passant).
    Ca commence comme un cauchemars et ça se finit sur un réveil pire encore, de plus l'imagination fertile de PKD a insufflé assez de rouages dans l'histoire pour noyer le poisson jusqu'à la toute fin. Ce monde futuriste n'est que plus impitoyable et tordu, la drogue est plus violente, la police plus vicieuse, l'ambiance de bête prise au piège tend les nerfs du début à la fin, dans un traquenard sans issue. On devine ce qui va arriver, mais sans y croire ; personnellement je m'étais énormément attachée à Arctor, parce que c'est un mec bien, que contrairement aux autres il essaie de relever la tête et d'aider les autres et puis Arctor a chu... Moi avec.
    Pour continuer dans les comparaisons bancales (cf l'article précédent), c'est un peu comme le film Requiem for a Dream, mais en version 2100 et surtout en plus obscène et vicelard. C'est le genre de récit qui narre une injustice et ça me révolte.


    IV A lire ?

    Ouiii !! Lisez-le, donnez-vous envie de vomir, faites main-basse sur l'aigreur d'estomac, le sentiment de révolte et de haine contre le système, parce que c'est ce qui me reste de ce livre. J'aimerais d'ailleurs rappeler (même si PKD le redit à la fin) que Phil' a mis énormément de lui dans ce bouquin et malgré le côté futuriste, ça se sent, c'est présent en arrière-plan comme une tâche d'huile qui se répands et fini par tout englober.
    Je me suis tellement accrochée à ce bout de papier, les nerfs à fleur de peau, que j'y ai laissé un bout de moi aussi. C'est pourquoi, je le classe parmi la catégorie culte, cette histoire m'a vraiment marqué et je ne suis pas prête d'arrêter de trembler en y repensant.


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  • Aujourd'hui (enfin non, c'était il y a trois jours, mais j'ai eu quelques contre-temps) deux événements viennent de remuer quelque chose d’indicible en moi, premièrement la découverte de l'alliance sublime du vernis corail, surmonté d'une french noire (oui je suis superficielle) et la lecture de ce bouquin de Beigbeder. J'avais déjà lu 99F, et j'avais adoré son cynisme blasé d'ex publiciste, c'est donc avec joie que j'ai entamé ce livre-ci, gracieusement offert par une amie.

    I Monsieur Beigbeder

    Né à Neuilly-sur-Seine en 1965, Frédéric Beigbeder est aussi l'auteur de L'amour dure trois ans, Nouvelles sous ecstasy et 99 francs (14,99€).

    Okay, merci le résumé Folio, c'est fou à quel point j'arrive à me figurer à quel genre de personnage j'ai à faire... Mince c'est un auteur contemporain, c'est pas comme si on parlait de Pline ou d'un obscure auteur moyen-âgeux sur lequel on a aucun document.
    La propension à la feignasserie dans la présentation des auteurs ça a tendance à me gonfler, un auteur laisse toujours un bout de lui dans ses bouquins et sans avoir une biographie de 15 pages, j'aime savoir à qui j'ai à faire. Enfin bref...

    II Résumé

    Vous connaissez la fin: tout le monde meurt. Certes la mort arrive à pas mal de gens, un jour ou l'autre. L'originalité de cette histoire, c'est que tous ses personnages vont mourir en même temps et au même endroit. Est-ce que la mort crée des liens entre les êtres ?

    Le seul moyen de savoir ce qui s'est passé dans le restaurant situé au 107éme étage de la tour nord du World Trade Center, le 11 septembre 2001, entre 8h30 et 10h29, c'est de l'inventer.


    III Alors alors alors...

    a) Le style

    J'avais déjà pu voir Beigbeder à l'ouvrage dans 99 francs, comme je le disais en introduction j'avais été conquise par sa plume incisive d'homme blasé. J'ai retrouvé cette même griffe dans Windows on the World, à cela près qu'on était dans du cynisme plus diffus, sourd, sous-jacent. On est pas dans l'éclat de rire obscène et subversif, mais dans le rire jaune qui devient sanglot puis regard fixe, lorsque soudainement on prend conscience que l'on vit dans le même monde que Fred'.
    Étant moi-même d'un genre assez morne et blasée, les réflexions tristes et désabusées de Fred et Carthew ont réveillé un écho douloureux et très réel au fond de moi. Ce n'est pas quand un alien sort de votre ventre que la réalité dépasse la fiction, mais bien quand vous sentez le poids des mots faire raisonner votre âme, jusqu'à y faire ressortir des sentiments au strict opposé de votre état d'esprit du moment.

    Fred' (j'aime bien m'imaginer que les auteurs sont mes amis, même si ce ne sera sans doute jamais le cas) a un sens de la mise en scène générale de l'intrigue que je rapprocherais de celle de M. G. Dantec, même s'il me semble que Dantec n'apprécie pas du tout Fred, pardon pour ce rapprochement scabreux. Dans l'alternance de musiques, la présentation de certains détails avant d'autres, l'arrêt brusque d'une intrigue pour repartir sur l'autre etc

    Somme toute, c'est un style direct et efficace qui se laisse régulièrement emporté dans la description, sans pour autant alourdir le récit.

    b) Fond

    On nous raconte l'histoire du World Trade Center, mais vu de l'intérieur, chose dont on a peu parlé (Fred' nous explique très bien pourquoi). Rien n'est caché dans cette histoire et très régulièrement on rit jaune, provocateur Fred' n'a pas pu s’empêcher de trouver les mots pour en rire, et c'est bien, j'estime que l'on sanctifie un peu trop ces attentats et qu'un peu d'humour (noire certes) ne fait pas de mal.
    Outre le ventre du WTC, il y a aussi cet étrange parallèle avec Paris, la Tour Montparnasse et la vie de Fred'. Là encore je trouve une certaine ressemblance avec Dantec, ses idées sur le dédoublement de la narration, le besoin de se rendre sur place, ce fantôme du passé qui ne partira jamais vraiment et autre. Enfin peut-être que je me fais des idées encore, mais tout en lisant je me suis dit "Mais c'est du Dantec ça !" Enfin bref.


    IV Finalement

    Finalement c'est un très bon bouquin qui se laisse dévorer en un rien de temps, un de ces bouquins qui vous font vous rouler en boule dans un coin parce que soudain vous êtes terrifié par le monde qui vous entoure, par son injustice et sa cruauté. En fait c'est un livre moche, parce qu'on n'est pas heureux quand on le finit, on est totalement désespéré.

    Mais lisez-le quand même, ça vaut le détour !

    Je le classe donc dans la catégorie "Divin", puisqu'il est très bien, et je rajoute "à tendance dépressive" parce que quand même à lire avec précaution si vous êtes sensible.


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  • Avant d'entamer pour de bon ce blog, par remplissage obsessionnel et volonté de partage, j'aurai aimé expliquer pourquoi on ne verra pas ou peu d'auteurs contemporains ici (et accessoirement comment j'évalue la qualité d'un bouquin).

    Depuis que je sais lire, j'ai lu. Beaucoup même. Surtout des auteurs classiques de Rabelais à Hugo, en passant par Voltaire, Camus ou Racine, dans tous les genres imaginables, de la SF au Roman Naturaliste, en passant par les pamphlets, la poèsie, le fantastique ou l'autobiographie, et ce, sur tous les thèmes possibles (actualités, histoire, amour, action, sexe, art, guerre, contenu scientifique...).
    Lorsque je lis, je juge la qualité du livre, comme un cinéphile regarde avec attention le dernier film sorti et en retire un avis ; et pour cela j'ai certains critères, assez précis que je vais évoquer.

    La forme:

    Le style de l'auteur, c'est sa manière d'écrire, de décrire, de faire d'une scène banale quelque chose de beau, qui évoque une image poétique au lecteur. C'est par le style que commence le partage, un peu comme un conteur choisi le ton et les mots employés pour chaque tableau. Hors de l'histoire en elle-même, le style doit être agréable, l'enchaînement de mot doit être intelligent, et si possible riche, complexe.
    J'abhorre les répétitions, la pauvreté de vocabulaire, et les phrases qui ne sont pas recherchées, parce que c'est laid (d'où le fait que j'estime mon premier article tout a fait mauvais). La littérature est belle, lorsque je lis un livre, j'espère lire un ouvrage beau, c'est-à-dire bien écrit. A défaut d'écrire aussi bien que les écrivains, j'attends d'eux une certaine qualité, un cachet, lié à leur fonction, puisque pour tous ceux dont c'est le métier, ils n'ont que ça a faire d'écrire, il est donc normal d'espérer de tout ce temps quelque chose de beau, ou bien fait.

    La forme est donc très importante pour moi et c'est mon premier baromètre de la qualité d'un bouquin. Si le style est mauvais, j'ai bien du mal à accrocher à l'histoire, fusse-t-elle merveilleuse et bien ficelée.

    Maintenant passons aux écrivains contemporains. Ce que je leur reproche le plus, est leur style pauvre, fade et très plat. De temps en temps il y en a un qui sort du lot, mais très peu par rapport à toute cette masse de gens se prétendant écrivain, alors que leur constructions syntaxiques, et grammaticales sont parfois dignes d'élèves de CM2.
    Lorsque dans le rayon livre je traîne, je feuillette toujours quelques livres qui me semble intéressants, et combien de fois en suis-je ressortie étonnée, voire outrée, par tant de pauvreté ? Les phrases s'enchaînent comme on les a appris étant petit: Sujet, verbe, complément. Et ainsi de suite à chaque phrase pendant 250 pages, ou presque, sans parler du vocabulaire minimaliste employé. Lire une page ou deux au hasard ne sert pas à savoir si l'histoire est bonne, mais surtout si il y a un peu de matière derrière, or on ne trouve souvent rien, un désert intellectuel qui me donne des palpitations, quand j'en viens à repenser à Flaubert qui, en son temps, passait une semaine à travailler la tournure d'une phrase, soit quelques mots sur les milliers qui lui restait encore à écrire.
    Une chose est très à la mode, le recyclage vers l'industrie littéraire. N'importe qui, faisant n'importe quel métier avant et étant connu, peut sortir un livre. Alors qu'ils aient une liberté d'expression c'est très bien et ce ne doit pas être remis en cause, mais qu'ils ne se proclament pas écrivains avec des torchons pareils, c'est faire honte à tous ceux qui ont un minimum de talent et ont fait de la littérature ce qu'elle est: Un Art.

    Le fond:


    Le fond regroupe pour moi, l'histoire, chose essentielle puisque sans elle des milliers d'oeuvres n'auraient jamais vu le jour ; l'intrigue, la manière dont est tournée l'histoire, est-ce que la fin se devine ? Est-ce que les personnages sont intéressants ? Est-ce prenant tout simplement ? Puis l'interrogation. Un livre pose toujours des questions de fond, sous sa petite thématique un peu triviale parfois. J'ai besoin que ces trois aspects (histoire, intrigue, interrogation) soient correctement traités pour que le fond soit bon, et donc que le livre revêt un intérêt particulier si le style va avec. A cela j'ajoute en bonus ce que je nommerais : Le ciment. Pour ajouter du réalisme, du cachet, une authenticité, il faut un réseau social entre les personnages qui soit bien utilisé, des relations variées c'est-à-dire un chouilla de psychologie, et de la cohérence qui permette de lier le tout.
    Si tout ça est réalisé, nous ne sommes pas loin du très bon livre, à recommander à toute personne sachant lire et à placer dans sa bibliothèque privée.
    Pour ce qui est des essais, de la poèsie, du théâtre ou des livres techniques j'expliquerais au moment où j'en critiquerais un, ma méthode pour juger le fond, parce que les arguments que j'avance ci-dessus ne fonctionnent plus, ou alors ne sont pas suffisant pour se forger un avis.

    Ce que je reproche aux livres contemporains, c'est que l'on a quelque chose d'incomplet. Il y a très souvent l'histoire, intéressante, peu ordinaire, ou alors ordinaire mais très complexe, c'est-à-dire un très bon point, qui rachète souvent un style inexistant. Cependant, on peine un peu plus à trouver l'intrigue, ou alors elle est mal faite, on sent bien qu'il y a tentative, mais qui se solde bien souvent par un échec... Quant à l'interrogation et au ciment, c'est... Non en fait il n'y en a pas ou très rarement. Ce qui gâche tout, même avec un style qui tient la route, quand on creuse un peu, tout se casse joyeusement la gueule et c'en devient presque risible.
    Je ne parle bien sûr pas des torchons qui n'ont ni fond ni forme, même pas un bout d'histoire sympathique à lire, pour ceux-là il n'y a pas grand chose à en tirer, à par un bon cale-pied.


    J'espère que vous notez bien que, autant pour le fond que pour la forme, je me base sur une critique très, très générale des auteurs contemporains, je ne les mets pas tous dans le même sac, cependant je ne peux m'empêcher de voir toute une masse de livres inintéressants, avec parfois, criant à l'aide au milieu de tout ce foin, un petit bijou, à sertir et à incruster dans votre bibliothèque.

    Maintenant, sachant cela, vous comprendrez vite mon classement en cinq catégorie des bouquins qui me passent entre les mains:

    # Culte.
    Des comme ça, il n'y en a pas beaucoup, les plus belles oeuvres à mes yeux.

    # Divin.
    C'est le livre qui a tout, fond, forme, ciment et qui le mérite. C'est un bouquin que je suis synonyme de relire, que je possède et que je dépoussière chaque jour, parce que c'est un bon bouquin.

    # Almost.
    [Ca veut dire "presque", mais c'est plus joli en anglais.] Quand on est à deux doigts de la catégorie Divine, sauf qu'il manque toujours quelque chose. C'est un bon livre, mais qui aurait pu être encore mieux. On vous le conseille quand même, puisqu'on est encore loin du torchon illisible.

    # Roman de gare.
    Tout livre à bonne histoire, sans plus. Parfois avec un peu d'intrigue, d'autres fois avec un peu d'interrogation, mais toujours sans style.

    # Cale-pied.
    Le livre qui n'a rien, on peut aussi bien l'utiliser comme brouillon lorsque l'on a plus de papier ou cale-pied si votre lit est boiteux.

    On remarquera que je n'ai pas de catégorie pour les livres avec un style très travaillé mais sans réelle histoire derrière, ces livres là sont très rares, car lorsqu'un auteur a assez de talent et d'intelligence pour écrire bien, il a aussi assez d'intelligence derrière pour créer une histoire qui revêt du sens. Dans les rares cas où l'on assiste à un échec, on ne peut que pleurer parce que l'auteur est passé à côté de quelque chose, et que donc le livre aurait pu être bon, et non pas médiocre, alors que l'écrivain a du travailler son style, contrairement à d'autres qui semblent s'en foutre comme de l'an quarante.


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  • J'ai à nouveau décidé de me remettre à l'écriture, peut-être même que cette fois je vais m'y tenir, à ton grand désespoir cher lecteur invisible.
    Le thème général est sucré, ça fait moins glauque que d'habitude, plus candide et surtout plus naïf. En fait je crois que cette niaiserie va très rapidement me donner la nausée et je vais finir par tout changer, nous verrons bien.
    Alors j'ai fait ce blog pour avant tout y ranger mes critiques littéraires, enfin critique est un bien grand mot, "mon humble avis" serait plus juste. Je fais ça, pour avant tout garder une trace de ce que je lis, parce que j'ai tendance à lire énormément et à finir par mélanger les choses. Qui plus est, quand je n'aime pas, je deviens méchante : Je le dis à tout le monde et je traine le nom de l'auteur en question dans la boue, jusqu'à ce qu'on en distingue plus les lettres, j'évite aux gens de lire quelque chose qui pourrait leur faire saigner les orbites, j'estime donc qu'à chaque fois je fais une bonne action et que je mérite d'aller au paradis.
    En régle générale, j'ai du mal à tenir ma langue, et je finis toujours par utiliser mon blog comme estrade pour étaler ma décrépitude partout, d'où le sous-titre, vous l'aurez compris. J'espère donc me maitriser pour ce blog et éviter les déblatérations inutiles (ahah. Oui je fais aussi des jeux de mots et la plupart du temps, ils sont moches). Dans la vraie vie, je suis étudiante (pas en Lettres), j'ai un chat (de temps en temps elle apparaitra) et je suis pas encore vieille.

    De temps à autre je me mets à écrire, les trois quarts du temps je trouve ça mauvais, mais ça ne m'empêche pas de le publier de temps en temps. Il se peut que je parle aussi de musique, de films et de séries, mais je suis beaucoup moins exigente, les films et les séries je m'en sers comme vide-esprit.

    Je crois que je n'ai jamais fait un premier article aussi "daubé", je tâcherais de me rattraper au prochain. D'ailleurs il va arriver très vite, puisque je vais détailler comment "j'évalue" la qualité d'un bouquin, oh d'ailleurs en parlant de livre, je n'ai pas abordé ce que je lisais. Si je continue de passer à côté des points importants comme ça, je vais finir par parler de gériatrie...

    Je lis de tout: roman, nouvelle, essai, poème, correpondances, articles pourvu que le support soit papier, ne comptez pas sur moi pour me taper les 600 pages d'un roman en ebook. Je suis une chieuse, j'aime les bouquins qui vous perturbent, vous secoue par une prose trop belle pour vos pauvres yeux, vous emmènent dans un pays qui n'existe pas, mais dans lequel vous iriez vivre avec plaisir. Je suis très exigente sur la qualité de l'écritue, parce qu'une belle histoire ne peut pas être narrée avec une écriture de collègien (même s'il existe des collègiens prometteurs parfois). Mais ça je l'expliquerais dans l'article d'après.
    Concernant les auteurs que j'aime, c'est plutôt les classiques, mais pas que ça: Hugo, Baudelaire, Zola, Rabelais, Maupassant, Dantec, Brussolo, Rice, Hobb... Je lis tous les genres, sans distinction du moment que c'est bien écrit, mais j'ai une grande prédiction pour les thriller, les ambiances glauques, le fantastique, la fantasy, horreur et les vieilles rues du XIXème siècle.

    Je développerai sans doute tout ça dans une page faite exprès, le jour où ce blog aura 500 visites par jour, par exemple, en attendant c'est bien assez.

    Ah si encore quelque chose ! J'ai un profil Babelio, tout nouveau tout beau:

    Mon profil sur Babelio.com

     


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