• " [...] et ainsi, à chaque fois que ton nom sera prononcé, il sera sanctifié sur l'onirique autel d'une lectrice hystérique en plein trip poétique. "


    I Haruki Murakami

    Né à Tokyo en 1949, HM est le traducteur japonais de Scott Fitzgerald, Raymond Carver et John Irving. Il s'est expatrié en Grèce, en Italie, puis aux Etats-Unis et, en 1995, il décide de rentrer au Japon après le tremblement de terre de Kobe. HM a rencontré le succès dès la parution de son premier roman Ecoute Le Chant Du Vent (1979), qui lui a valu le prix Gunzo. Suivront notamment Chroniques De L'Oiseau à Ressort, Au Sud de la Frontière, A l'ouest du Soleil, Les amants du Spoutnik, Kafka sur le Rivage et le Passage de la nuit. Son dernier ouvrage, Portrait de l'artiste en coureur de fond, a paru en 2009 aux Éditions Belfond. Plusieurs fois favori pour le prix Nobel de littérature, HM est aujourd'hui un auteur culte au Japon et son oeuvre est traduite dans plus de trente pays."


    II Quatrième de couverture:

    Conteur hors pair, HM explore dans ces 23 nouvelles délicatement ciselées, une multitude de mondes oscillant perpétuellement entre réel et rêve. Parmi ces vies suspendues, de troublants portraits : Un homme d'affaire hanté par son premier amour, un couple adultérin réfugié sur une île grecque, un homme obsédé par les spaghettis, ou encore un gardien de nuit poursuivi par son reflet... Qu'ils guettent un présage ou un miroir, la mort ou un kangourou, tous sont empreints d'une mélancolie poétique qui fascine et résonne en chacun de nous.


    III Well ?

    a) Style:

    Je ferais court parce que j'ai déjà évoqué le style de Monsieur Murakami ici.
    C'est quelque chose de très propre et net, une rigueur qui est là comme une armature pour les phrases. Et puis il y a ce côté onirique, très imagé qui s'enroule comme un serpent de fleur de cerisier. L'air de rien on vous cache des choses pour ne les révéler que plus tard, au moment opportun. Le vocabulaire est très soigné, les dialogues évoque toute la retenue nippone : parler peu mais juste.
    C'est tout simplement un régal, rare sont les auteurs contemporains à avoir encore un peu de dignité et de beauté dans leurs écrits (oui je radote).


    b) Histoire :

    Oh ces histoires... De vrais merveilles, une pureté, une douceur, un rêve sans fin, parfois des situations sans queues ni têtes, de la tristesse aussi, mais surtout de l'espoir et de la beauté.
    Je n'ai pas aimé les 23, certains m'ont déçues, parce que je m'attendais à tout autre chose et que parfois on n'oublie qu'avec Murakami il n'y aura pas de zombie sortant d'un placard en dégobillant partout (lire du Brussolo et du Murakami en même temps ce n'est pas un bon mélange de genre). Donc en autre l'Avion et Le Miroir je n'ai que très moyennement aimé, le reste c'était juste trop bon.


    IV Et donc ?

    Et donc il faut le lire de toute urgence, pour tous ceux qui ont besoin d'une pause douceur et contemplation dans leur vie qui va trop vite. Du très bon bouquin encore, divin.


    3 commentaires
  • I Poppy Z. Brite

    Folio SF: Née en 1967 aux Etats-Unis, Poppy Z. Brite développe très tôt un goût pour les histoires étranges et morbides et publie, à 18 ans, sa première nouvelle dans le magazine The Horror Show. Encouragée par Douglas E. Winter, éditeur et biographe de Stephen King, elle quitte le lycée pour se consacrer à l'écriture de son premier roman, Âmes perdues. Le succès tarde. Pour gagner sa vie, elle multiplie les petits boulots: serveuse, strip-teaseuse, mannequin... En 1992, Courtney Love, la veuve de Kurt Cobain, la contacte pour lui demander d'écrire sa biographie. Amusée, Poppy accepte. Autre commande, un éditeur lui propose d'écrire un roman tiré de The Crow. En 1994, le British Fantasy Award récompense son oeuvre provocante. Devenue l'un des chefs de file de la littérature underground et gothique, elle vit aujourd'hui à la Nouvelle-Orléans avec ses nombreux chats et son mari.




    II Résumé :

    A quinze ans, Nothing, adolescent rebelle et mal dans sa peau, s'enfuit de chez ses parents. Sa route croise celle des Lost Souls, créatures étranges, vêtues de noir, qui boivent une liqueur au goût de sang. Insatiables, sensuels, sauvages, ce sont des prédateurs sans loi qui n'obéissent qu'à leurs instincts. Avec Molochai, Twig et Zillah, Nothing part en quête d'amour, de sexe et de violence au son de longs riffs lancinants dans les boites punk de la Nouvelle-Orléans et découvre la vérité sur ses origines...
    Poppy Z. Brite nous entraîne dans un univers noir où les vampires profitent de leur immortalité pour s'adonner à toutes les perversions et braver tous les interdits de la société puritaine américaine.

     

    III Qu'est-ce que ça vaut ?

    Puis-je répondre tout de suite: "De l'or ?"

    a/ Style, structure.

    Poppy Z Brite a un style bien à elle, les structures de phrases sont sans fioritures, mais la tournure est là.
    Il y a toute une maîtrise de la vulgarité et du vocabulaire: Il y a de la vulgarité oui, mais pas partout à toutes les sauces. C'est un outil utilisé à très bon escient pour renforcer certains personnages bourrins (Steve, Molochai et Twig entre-autre), ajouter un brin de panique et de force à certaines situations, mais ne constitue pas tout le livre, et ça c'est vraiment bien. Beaucoup trop d'auteur restent dans un registre vulgaire sans rien en tirer, ici elle définit une personnalité, une façon de pensée. On retrouve cette vulgarité dans les dialogues d'un peu tout le monde, comme on le retrouverait chez un peu tout le monde en vrai, sans compter que nous sommes dans le milieu de la rue, bien loin des convenances et du puritanisme poli que l'on emploie avec son voisin.
    A l'inverse, Poppy manie très bien le langage plus soutenu et le vocabulaire onirique (par exemple) pour mieux nous faire apprécier des personnages comme Ghost, et ses rêves délirants, aussi doux que cruels et terrifiants, ou souligner avec délicatesse la subtilité des relations si spéciales de ce roman.

    C'est efficace, facile à lire. Nous avons un vocabulaire riche, mais qui s'insère avec douceur et simplicité, c'est donc un livre accessible pour le petit lecteur, tout en restant assez sophistiqué pour le lecteur plus chevronné. On sent que l'auteure a de la culture (j'y reviendrais dans le fond), qu'elle sait de quoi elle parle, et qu'en plus elle le fait bien.


    b/ Le fond, l'histoire.

    C'est une belle histoire, avec ce qu'il faut de beauté pour vous laissez suspendu au-dessus des pages l'ai songeur (Ghost et Steve un lien si étroit et pur), mais aussi assez de tristesse pour vous faire monter les larmes aux yeux (Ghost m'a particulièrement remuée, du début à la fin), assez de suspens pour vous tout vous faire oublier et continuer de tourner les pages encore plus vite (à chaque nouveau chapitre, on reste sur la fin du précédent, et ainsi de suite, c'est à se maudire de lire aussi lentement), assez de terreur pour vous agrandir les yeux (ya surtout un passage où j'ai flippé, deux indices: Ghost et Armoire), assez de sensualité et de sexe cru pour vous mordiller les lèvres, et enfin assez d'action et de réalisme pour vous construire un rêve éveillé sans défauts.
    C'est un peu tout ça. Ça et des personnages attachants, de la violence, du sang, et du désespoir.

    Il y a aussi le milieu dans lequel les personnages évoluent, celui de la musique gothique par excellence (Sixiousie, Bauhaus) et des soirées punk telles que les goth' et punk de la première ou deuxième génération ont pu les connaître, loin des soirées elctro/EBM que l'on connaît aujourd'hui. On y retrouve le cliché habituel du troupeau d'adolescent qui se cherche, à coup de drogue, de sexe et de musique, de nuits sans fin, mais on y retrouve aussi l'essence de la culture goth': La musique. Poppy connaît bien ce milieu, et nous le fait partager.

    Les liens entre les personnages sont fouillés, on est loin de la romance à deux francs avec de la guimauve qui coule partout, nous sommes dans l'amour pur, violent et passionnel.

    De même, oubliez les histoires classiques de vampires, c'est une version du mythe étoffée, sous un autre angle, décalée. On retrouve l'aspect habituel du décadent immortel invulnérable, mais on occulte le côté transformation à coup de transfert de sang, pour quelque chose de plus vraisemblable: Une race à part, qui naît (de manière particulière certes) et grandit jusqu'à un âge de beauté et de maturité avant de s'arrêter de vieillir. Il y a aussi plusieurs types de vampires, plus ou moins vicelards dans leur manière de tuer (enfin non, se nourrir). Honnêtement je n'ai pas eu l'impression de lire de la légende vampirique mâchée et remâchée, j'ai eu la sensation qu'on me contait une histoire dont je connaissais quelques éléments, mais c'était une histoire nouvelle, j'en savais assez pour ne pas me poser de questions techniques ("mais qu'est-ce qu'un vampyr ?"), tout en découvrant quelque chose de nouveau.


    IV J'achète ?

    Oh oui ! Je le conseille à tous ceux qui apprécient les fictions gardant un bon pied dans la réalité, ceux qui souhaitent lire une histoire triste et extrêmement touchante, ceux qui aiment les vampires et tous ceux qui n'aiment pas les mièvreries de Twilight !


    J'ai adoré, et je classe directement ce bouquin dans la catégorie Culte, parce qu'il le vaut largement.


    5 commentaires
  • C'est la première fois que je mange suédois, bilan mitigé.


    I Laaaaars

    En fait Lars est un peu schizo sur les bords:

    Lars Kepler est le pseudonyme du couple d'écrivains Alexander et Alexandra Abndoril (mais c'est un nom d'elfe...). Mariés dans la vie, ils ont écrit plusieurs romans chacun. Best-seller en Suède, en cours de traduction dans plus de trente pays. L'hypnotiseur est leur premier roman à quatre mains. Une seconde enquête de l'inspecteur Joona Linna, parue en Suède au début de l'été 2010, a pris directement la tête des ventes.

    Je n'aime pas les bio du type "ils sont premiers des ventes" blabla "200 000 exemplaires vendus" blabla. Premièrement c'est extrêmement pompeux et ça me donne l'impression d'être aussi intelligente qu'un mouton laineux: 200 000 personnes l'ont acheté, donc je dois l'acheter aussi. Ensuite ça pue le biographe en mousse pas foutu de trouver quelque chose à dire d'intéressant mis à part sa petite suite de statistiques à la mort-moi-l'noeud. Vous savez quoi ? Abstenez-vous quand vous n'avez rien à dire.


    II Résumé

    Erik Maria Bark, un psychiatre spécialisé dans le traitement des chocs et traumas aigus, a longtemps été l'un des rares véritables experts de l'hypnose médicale.
    Jusqu'au jour où une séance d'hypnose profonde a mal, très mal tourné. Sa vie a frôlé l'abîme et, depuis, il a promis de ne plus jamais hypnotiser. Dix années durant, il a tenu cette promesse. Jusqu'à cette nuit où l'inspecteur Joona Linna le réveille. Il a besoin de son aide. Josef, un adolescent, vient d'assister au massacre de sa famille. Sa mère et sa petite soeur ont été poignardées, mutilées et dépecées sous ses yeux.
    Le corps lardé de centaines de coups de couteau, Josef vient d'être hospitalisé, inconscient et en état de choc. Mais il est le seul témoin du carnage et Joona Linna, pris dans une course contre la montre, veut l'interroger sans tarder. Car tout indique que l'assassin est maintenant aux trousses de la soeur aînée de Josef, mystérieusement disparue. Et pour lui, il n'y a qu'une façon d'obtenir un quelconque indice de l'identité du meurtrier : hypnotiser Josef.
    Tandis qu'il traverse un Stockholm plus sombre et glacial que jamais, Erik sait déjà que, malgré toutes ses protestations, il brisera sa promesse pour tenter de sauver une vie. Ce qu'il ne sait pas, c'est que la vérité que porte Josef va changer sa vie. Que son fils est sur le point d'être enlevé. Et qu'en réalité, c'est pour lui que le compte à rebours vient de commencer. Intrigue implacable, rythme effréné, richesse et complexité des personnages, écriture au cordeau, tout concourt à faire de L 'Hypnotiseur un thriller unique.
    La première enquête de l'inspecteur Joona Linna fait date.

    Le résumé aussi est pompeux... "thriller unique", c'est un thriller banal avec une histoire pas trop dégueux mais une intrigue qui traine... On est loin du bouquin de la décennie.


    III Critiquement votre

    a) Le style

    C'est très froid, on est dans le récit d'action qui enchaine vite, les actions sont d'ailleurs bien décrites. Tellement bien décrites que lorsque qu'arrivent les moments de calme et d'interrogations la narration patauge un peu dans la semoule, si l'on ajoute à cela les difficultés de l'histoire dans ces mêmes moments on obtient un point très très négatif.
    Je ne m'attarderais pas une heure là-dessus, c'est un style contemporain, simple mais assez efficace et suffisamment riche pour prétendre à une bonne écriture.


    b) L'histoire

    C'est une bonne histoire, enfin j'ai accroché. C'est assez mystérieux et sanglant au début, il faut un peu de temps pour s'adapter au côté nordique, surtout les prénoms: A chaque fois que l'inspecteur était nommé (Joona) je devais me battre contre mon cerveau pour produire une image d'homme et pas de femme... Mais bon dans 3 ou 4 bouquins suédois je serais rodée.
    Il y a énormément d'action et de rebondissement dès le début, ça s'amollit un peu au milieu, reprends et puis sur la fin, c'est un peu n'importe quoi, enfin pas n'importe quoi non, disons que c'est un peu brouillé. L'intrigue repose sur un suspens assez fort, tellement fort que j'ai bien failli m'endormir dessus... On a une histoire de dingue mais le suspens est mal géré: Les moments de doutes et de questionnement du couple me paraissaient long et fastidieux, les fausses pistes c'est bien, mais trop long ici. Sur les 500 pages du bouquins j'en virerais bien 100 ou 200...
    Je suis bien consciente que le couple s'égare, peine à démêler la situation mais je trouve que c'est trop, à côté de mon chouchou Serge B. ça ne vaut pas grand chose. Qui plus est avec l"amollissement du style au même instant, autant gober un somnifère (hein Erik ?) ; ce ne sont vraisemblablement pas des écrivains capables de s'épancher en description ou de soutenir un passage de réflexion et c'est dommage.
    Sur la fin, les dernières actions sont difficiles à bien concevoir: plus j'arrive à la fin plus je lis vite, du coup j'ai un peu lu en diagonale la baston dans le bus, moment où la narration devient un peu confuse. Beaucoup de choses se déroulent au même instant, il n'est pas facile de tout intégrer.
    Tout n'est pas à jeter quand même, je salue la petite révélation à la fin du long passage tout fade, qui m'a permit de sursauter et continuer ma lecture avec plus d'intérêt. L'histoire en elle même est tordue, agréablement tordue, parce qu'on ne s'attend pas du tout à ça.


    IV Conclusion

    C'est un bon bouquin, sans ce problème de ramollissement au milieu je l'aurais bien installé près des autres livres divins, malheureusement on y est pas tout à fait. Almost !


    7 commentaires
  • Aujourd'hui nous ferons exotique. Loin de la littérature française classique, nous embarquons pour le Japon et les sushis.

    I Monsieur Haruki Murakami

    Voici la bio livrée dans le livre: " Né à Tokyo en 1949, HM est le traducteur japonais de Scott Fitzgerald, Raymond Carver et John Irving. Ne supportant pas le conformisme de la société japonaise, il s'est expatrié en Grèce, en Italie, puis aux Etats-Unis. En 1995, après le tremblement de terre de Kobe et l'attentat du métro de Tokyo, il a décidé de rentrer au Japon. HM a rencontré le succès dès la parution de son premier roman Ecoute Le Chant Du Vent (1979), qui lui a valu le prix Gunzo. Suivront notamment Chroniques De L'Oiseau à Ressort, Au Sud de la Frontière, A l'ouest du Soleil, Les amants du Spoutnik, Kafka sur le Rivage et le Passage de la nuit. Plusieurs fois favori pour le prix Nobel de littérature, HM est aujourd'hui un auteur culte au Japon et son oeuvre est traduite dans plus de trente pays."

    Vous aurez donc compris que Monsieur Haruki Murakami n'est pas le premier pecnot venu, vous ne pouvez pas dire que je vous arnaque sur la qualité hein.


    II Résumé


    " Kafka Tamura, quinze ans, s'enfuit de sa maison de Tokyo pour échapper à la terrible prophétie que son père a prononcée contre lui. De l'autre côté de l'archipel, Nakata, un vieil homme amnésique décide lui aussi de prendre la route. Leurs deux destinées s'entremêlent pour devenir le miroir l'une de l'autre tandis que, sur leur chemin, la réalité bruisse d'un murmure enchanteur. Les forêts se peuplent de soldats échappés de la dernière guerre, les poissons tombent du ciel et les prostituées se mettent à lire Hegel. Conte initiatique du XXIème siècle, Kafka sur le Rivage nous plonge dans une odyssée moderne et onirique au coeur du Japon contemporain."

    Je vous épargnerais le commentaire littéraire de Miss Marie-Laure Delorme qui fait suite à ce résumé assez bien fait, et qui vraisemblablement ne sait pas de quoi elle parle quand elle qualifie cette oeuvre de "cruel, beau, cru." [Je développerais un peu plus loin.]


    III C'était comment ?

    a/ La structure, le style.

    Là comme ça, je dirais bien jouissif, mais ce serait faire honte au langage poétique et délicat de Monsieur Murakami.
    Au premier abord, ce livre ne m'a pas fait envie. C'est ma professeur de français qui m'a conseillé ce livre quand j'étais en Troisième, et ce n'est que très récemment que je l'ai acheté, pour le lire un mois ou deux après. Moui j'ai mis du temps à avoir envie de lire ça: A la lecture de la dernière de couverture, l'idée de me taper 637 pages sur la fugue d'un gamin et un vieux sans passé, ça ne me tentait pas. C'était sans compter sur le talent incontestable de Murakami pour transformer une histoire somme toute assez basique (le conte initiatique c'est quand même vu et revu, même au XXIème siècle) en une sorte de rêve éveillé.
    La première chose qui frappe, à la lecture des premières pages, est ce style précis, simple (pas de fioritures dans la construction des phrases), extrêmement poétique et très fin. Ouais tout ça en même temps. C'est tellement frais, pêchu et envoûtant à lire que l'on aimerait apprendre le japonais pour savourer cette prose jusqu'à sa substantifique moelle (spéciale dédicass' à Rabelais).
    Les dialogues entre les personnages sont d'une justesse incroyable, dans beaucoup de livres, j'ai l'impression que les dialogues sonnent faux, comme une comédie mal jouée. Ici on ressent toute la retenue nippone dans le choix des mots justes, pour ne pas parler trop, mais parler bien, et c'est FANTASTIQUE !!! Pardon je m'emballe, mais on ne me verra pas souvent m'extasier comme ça sur la qualité d'écriture de quelqu'un.
    L'agencement de l'histoire est très bien pensée, on en sait le minimum afin de comprendre ce qui se passe sur le coup, mais ce n'est que bien plus tard que l'on arrive à percevoir toute la dimension de ce que l'on lit. Les différentes intrigues s'entremêlent à la perfection, au point que parfois on se demande où l'on est. Impression d'autant plus grande qu'il n'y a pas que le narrateur qui parle, mais aussi d'autres hum... Choses. Oui j'aimerais ne rien vous gâcher de cette trame qui vous suspend par les pieds à mille mètre du sol, et qui vous lâche brutalement, avant de vous rattraper à quelques centimètres de la mort.

    b/ L'histoire

    Ahhh cette histoire toute moche de gamin fugueur.... Figurez-vous qu'entre les mains de Murakami c'est totalement différent. D'abord le mélange de plusieurs intrigues de manière très fines laisse traîner un certains suspens, au point qu'on en oublierait de savourer le style de l'auteur pour dévorer les pages le plus vite possible et savoir ce qui peut bien arriver.
    Au départ nous sommes bien assis dans un récit qui semble tout à fait inscrit dans le réel, jusqu'au moment où certaines perturbations surviennent. Cependant, ceci est maîtrisé et décris avec une telle subtilité qu'on ne tique pas... Ce n'est que quelques chapitres après, ou pendant le repas parce que vous avez du arrêter de lire, que soudain cette constatation s'explose contre l'intérieur de vôtre boite crânienne: " Mais merde il parle aux chats??? "
    C'est le grand art de Murakami, il est capable d'insérer quelque chose qui ressemblerait à un mauvais trip chez n'importe quel autre auteur, en une suite tout à fait logique, n'ayant pas besoin de se justifier. C'est là, et c'est sa place. C'est tout simplement magique, puisqu'ensuite ces intrusions oniriques vont se multiplier, toujours de manière très travaillées et propres, donnant une dimension nouvelle et insoupçonnable à cette histoire tristounette à première vue.
    Attention cependant à ne pas confondre, ce récit est loin de se classer parmi les oeuvres fantastiques, avec cette intrusion continue du fantastique dans le but de basculer totalement par la suite. Non ici nous sommes dans une autre dimension, un autre monde.
    L'univers de Murakami est beau, envoûtant, poétique, onirique, incroyable, mais il n'est pas cruel. Oui Miss Delorme, si les quelques passages un peu glauques du bouquins vous semblent cruels, c'est que vous n'avez jamais lu Zola ou Hugo. Parce qu'avec eux, entre Cosette et Jean Valjean qui subissent les destins et fins les plus tragiques qui soient, dans toute la cruauté que nôtre société est capable de produire, ou avec Germinal, La Bête Humaine, L'Assomoir (toute la série des Rougon-macquart en général) qui rassemble la souffance et les destins douloureux de toute une famille sur plusieurs générations, ça c'est de la cruauté, de l'injustice et vous fait monter les larmes aux yeux à chaque fin de volume, ou alors nous n'avons pas la même définition du terme cruel.


    IV Est-ce que je l'achète ?

    OUI ! Je recommande vivement ce livre à toute personne aimant la littérature avec du style et une intrigue formidablement bien construite, ainsi qu'à tous ceux qui aimerait regarder le Japon sous un autre angle.
    C'est sans hésiter que je le classe dans la catégorie Culte. Il serait vraisemblablement bête de se priver d'une oeuvre aussi belle et troublante.
    Murakami est une exception du XXIème siècle, un des seuls a avoir un peu de prestige.


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  • Cette chronique date un peu, mais comme je vous l'ai dit, je transferts. Oh je tiens à préciser, c'est un cadeau, jamais de mon propre chef je n'aurai franchi le seuil d'un étalage "jeunesse" et je n'aurai encore moins débourser le moindre centime pour une littérature que j'ai abandonné en 5ème...

    I Lish McBride

    Je n'ai pas encore parlé de l'auteur que j'ai déjà une critique à faire... C'est un livre paru aux éditions La Martinière Fiction et c'est plutôt destiné à un public "jeune", mais en quel honneur il n'y a pas de biographie de l'auteur ? C'est quand même dingue d'avoir un pavé dans les mains (bon ou pas) et de ne pas avoir accès aux informations minimales sur la personnes qui l'a écrit. Enfin moi ça me choque, surtout que ça n'incite pas les "jeunes" lecteurs à prendre de bons réflexes...

    Après une très brève recherche, j'apprends que Nécromanciens est son premier roman, et ça se voit (non je ne vais pas commencer à lui casser du sucre gratuitement sur le dos, c'est inconvenant). Je n'ai trouvé de bio que sur son site, donc c'est en anglais mais j'ai une monstrueuse flemme de vous la traduire, sans compter qu'elle a tendance à digresser. Le lien pour ceux qui veulent ici.


    II Résumé

    Que feriez-vous si vous appreniez un beau jour que vous possédez le pouvoir de réveiller les morts ? C'est ce qu'il arrive à Sam, lorsqu'il croise la route de Douglas, nécromancien aussi puissant que cruel. Brutalement plongé dans un monde féroce, emprisonné et torturé par Douglas, Sam va vivre un véritable enfer et rencontrer des créatures qui n'appartiennent pas à notre monde. Comment Sam parviendra-t-il à s'approprier son pouvoir pour le retourner contre son pire ennemi et sauver sa vie ? Aux frontières de notre monde, un univers fascinant et cauchemardesque, où les esprits des morts côtoient des créatures hybrides, magiques et animales, qui peuvent se révéler aussi drôles que terrifiantes.

    III  Évaluation (Douglas déteint sur moi, je vais devenir sadique)

    a) La forme

    Commençons par le pire, ce sera fait.
    Je crois que vous êtes au courant que je suis très exigeante sur le style, qu'en prime j'ai totalement perdu la foi concernant les écrivains contemporains et qu'en plus c'est un bouquin "jeunesse", donc avec un style que l'on devine (avant même d'avoir ouvert le livre) extrêmement pauvre et fade. Et bien voilà c'est résumé.
    Les actions s'enchaînent mécaniquement, on sent bien qu'il y a un petit effort pour introduire entre deux événements un élément descriptif pour donner du corps à l'histoire, mais sérieusement, des phrases du type "Il se gratta le menton." c'est tout simplement... Plat. Ah on se plaint d'écrivains comme Zola (ou même Umberto Eco qui peut passer dix pages à décrire une porte), mais au moins eux ils ont conscience du détails, de ce qui rend vraiment un texte vivant. Ici le côté "premier roman" transperce les pages en étalant de l'encre partout et c'est dommage. Vraiment dommage parce qu'il a un potentiel ce bouquin.
    On remarque une amélioration au niveau des scènes d'action (fight entre autre) mais ces scènes sont rares, une et demi au début et une grosse à la fin. Or c'est dans ces moments plus pêchus que L. McBride s'est un peu lâchée, ce qui rattrape un peu le reste même si soyons honnêtes, y'a encore du boulot... Je regrette aussi que la seule scène sexy ait été lamentablement censurée, puisque nous somme dans un roman "jeunesse", je ne recherche pas la pornographie mais Lish a coupé la scène comme... Comme lorsque l'on marche tranquillement dans la rue, mais que l'on ne voit pas le trou béant laissé par une plaque d'égout absente, jusqu'au moment où l'on tombe dedans. C'est abrupte et désagréable... (Dans notre exemple c'est douloureux aussi.)

    Là où j'ai été déçue aussi c'est que le surnaturel et les sensations du nécromancien sont peu exploités, on a l'impression que c'est un justificatif pour faire un simili de conte de fée mais sans créer un vrai monde inhérent aux nécromanciens, ou améliorer un mythe existant. Alors ok ok c'est un premier roman, mais c'est décevant... Si vous n'avez rien à raconter d'un minimum recherché, abstenez vous de faire des livres ou alors magnez-vous de progresser.

    Dernier point qui m'a littéralement fait hurler, et c'est la première fois que je vois un truc pareil: L'indigne traitement réservé à Madame Winalski ! C'est un personnage qui apparaît plusieurs fois du début à la fin, qui a un rôle non négligeable et qu'est-ce qu'on lui fait dès les premières pages ? Par flemme on sabre son nom en Madame W (et sans point à la fin pour marquer l'abréviation). Où avez-vous appris les règles de base d'une abréviation Mademoiselle Mc ? (ou sa traductrice Madame M ?) C'est tout de même incroyable d'assister tout au long du roman à des alternances de Madame W et Madame Winalski, j'avais juste envie de bouffer les pages... Déjà que la plupart des personnages ont des prénoms très courts, ceux qui ont le malheur d'avoir un nom trop grand se voient affublés d'un diminutif deux phrases plus loin. Si la faute en revient vraiment à l'auteur je comprends pourquoi le texte est si fade, vous ne vouliez pas non plus abréger chaque mots ? Malheureusement, à moins de mettre la main sur une version originale je ne pourrais pas démêler qui de la traductrice ou de l'écrivain a fauté (et je n'irai pas gaspiller mon temps à vérifier, ce bouquin n'en vaut pas la peine), donc dans le doute je vais cesser de lyncher L. Mcbride. Cependant qui que vous soyez, ne faites plus jamais une troncature aussi laide s'il vous plaît.

    b) Le fond

    Bon il raconte une histoire ce bouquin quand même... Ça parait un peu simpliste dit dans le résumé, et pas forcément engageant puisque ça pue le roman d'initiation à 200m mais j'ai été surprise.
    Les événements sont assez déconcertants et il y a des petites touches d'humour très fraîches, pas mal de petites choses auxquelles je ne m'attendais pas, on quitte très vite la quête initiatique pour un very bad trip (pour Sam hein) et c'est assez bon à lire. L'auteur ne s'embarrasse pas trop des codes du genre et c'est très bien, on est dans de la fantasy urbaine (pour reprendre le terme consacré) avec un gros méchant, pleins de beaux gentils, des amis fidèles, sans peur etc On retrouve néanmoins le schéma classiques côté personnages mais ça s'emboîte bien dans l'histoire finalement.

    Mon grand regret étant donc ce côté "littérature jeunesse" avec un style sans relief, surtout pas compliqué et une histoire toute timorée, qui n'arrive pas à prendre son envol alors qu'il y a pourtant de très très bons éléments (pouvoir du nécromanciens pas exploités du tout par exemple, interactions entre races pas assez développées etc). Pourtant les enfants et ados sont capables de lire de gros livres avec des termes compliqués et un style de la mort qui tue tout (suivez mon regard vers Monsieur Tolkien) mais non on s'acharne à proposer à la jeunesse des choses faciles sans profondeur...
    J'ose espérer qu'avec ses futures romans L. McBride saura prendre son style en mains et surtout mieux maitriser sa narration, pourquoi pas avec des trames un peu plus développées.


    IV Finalement

    C'est pas un si mauvais livre que ça, y'a du bon et il est tout a fait adapté au public qu'il vise: pré-ados et ados, mais pas pour moi... J'suis devenue une vieille peau aigrie.
    Donc je le classe dans la catégorie roman de gare, parce que l'histoire est bonne même si elle aurait pu être mieux exploitée et parce que le style est... Non en fait il n'y a pas de style.

    Bilan très mitigé, mais j'ai quand même été transportée, c'est quand même ça qui compte toujours au final.


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